Paris, jeudi 11 avril 2019
J'ai côtoyé l'abîme L'échange me recrée
Andrée Chedid
Chers Saah, Marion, Aliyahmco, Bamb’s, G.C, Slim, Constance, D.K, S.C, Morgane, Inès, Kikouyan, Marion, A.B, Quentin, Marvin, Marie, Sasori, Faustine, R.D et Ambre, chers tous,
Merci pour vos poèmes. Tous m’ont touchée. J’ai publié sur mon site des extraits de ceux qui ont accepté le jeu. Bravo. J’ai sélectionné les passages qui se démarquaient le plus par leur sens du rythme, de l’image ou du paradoxe.
L’amitié et la fraternité célébrées autour de formules-choc. Ce sont des parallélismes spontanés : « Mbappé, notre idole/ Son pied, c’est le nôtre/ Et le tien, c’est aussi le mien », « mon autre/ frère de sang/ frère de cœur ».
Ce sont des rimes ou des échos sonores : « mon frère/ et ses nerfs », « Mon amie/ ma sœur/ Là où tu es/ Je suis ».
C’est l’énumération anaphorique de bons moments partagés : « De nos fous rires/ de nos voyages/ de nos grasses matinées/ de nos gâteaux ».
C’est la force des contrastes nés sous votre plume. Celui à qui vous vous adressez est parfois très différent de vous mais le lien qui vous unit à lui triomphe de cette différence : « Ce lien/ qui nous distingue/ cette famille / qui nous unit », « si différents/ si comparables/ malgré la haine/ qui nous unit », « en ces terres/ qui nous opposent/ malgré les passions/ qui nous rapprochent », « mon semblable/ mon père/ et son cœur de pierre » « je te déteste/ et tu fais de même (… )/Mon semblable ».
C’est une trouvaille de mise en page. Un poème fait se correspondre la chute physique d’un personnage qui meurt à un espace blanc, en plein milieu de la phrase. Cela donne l’impression que les mots tombent en même temps que le personnage décède :
« Cette mort
Qui me guettait
A fini
Par m’attraper »
Ce sont aussi des vers qui doutent, se posent des questions, disent quelque chose pour aussitôt le remettre en cause et ouvrent ainsi un espace de mystère et d’imagination. « Je connais tes habitudes/ Nous connaissons-nous ? Sommes-nous complémentaires ? / Nous sommes fraternels », « Pourtant je vois ce vaste paysage/ est-ce une pensée ? / Une émotion ? »
(magnifique)
Voici pour les extraits. J’ai aussi été émue par les dédicaces que vous avez adressées à vos proches. Il me semble que pour s’adresser aux autres, pour dire quelque chose d’essentiel, la poésie est une sorte de lettre suprême, la plus intime, la plus vraie, et la plus magique. Je me trompe peut-être, mais j’y crois, et c’est aussi pour cela que vos textes m’ont plu. Merci.
Je vous souhaite de beaux chemins d’écriture et de partage, vers des régions toujours à naître.
J'ai côtoyé l'abîme L'échange me recrée
Dans ces cœurs Dans ces corps J'ai eu lieu Et sauvegarde
Inachevé pourtant
Je vais et puis je vais
Vers des régions toujours à naître
Mais que je suis Mais que je sais.
Andrée Chedid, « L’échange »
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